AF_Creativite33-rgb14 IDÉES SUR L’INTRAPRENEURIAT
André Fortin. 25 février 2016.

Parler d’intrapreneuriat (et d’intrapreneuriat social) c’est une autre façon de parler d’innovation (et d’innovation sociale). L’intrapreneuriat est un réflexe qu’une organisation axée sur l’amélioration continue entend stimuler et promouvoir. C’est une attitude de réflexion critique et de développement d’initiatives novatrices qu’une organisation doit idéalement encourager pour demeurer agile. Cela semble être une évidence mais c’est plutôt un défi. Car pour aller dans ce sens, il faut une culture organisationnelle qui soit cohérente, qui à la fois prône et met en œuvre la créativité de ses employés. Cela demande également une grande ouverture de la part des dirigeants dans la mesure où l’intrapreneur fait des propositions venant changer l’équilibre d’un système et remettre en question certains acquis. Voici 14 idées pour approfondir l’intrapreneuriat.

IMG_0231 - Version 2DÉFINITIONS
1. Pour définir l’intrapreneuriat, on peut d’abord mentionner que c’est l’adoption d’attitudes et de comportements entrepreneuriaux au sein d’une organisation existante. On peut ensuite envisager l’intrapreneur comme une personne qui arrive à transformer une idée innovante en une activité économique rentable pour une organisation. L’intrapreneuriat n’est donc pas quelque chose à part, qui se déroule à l’extérieur. Bien au contraire, cela vient se superposer aux activités courantes et, dans le meilleur des cas, cela influence les pratiques courantes au point de les modifier et de propulser l’innovation organisationnelle.

2. Si on veut maintenant aborder l’intrapreneuriat social, on dirait simplement que c’est quelqu’un qui applique les principes de l’entrepreneuriat social à l’intérieur d’une organisation. Ces principes incluent notamment la création d’une activité économique viable répondant à des besoins sociaux et environnementaux, la notion de renouvellement des modèles dominants ayant montré leurs limites et l’idée de mettre l’efficacité économique au service de l’intérêt général. En mettant en place une démarche entrepreneuriale à l’interne, un employé vise à susciter un impact social par un projet structuré et ambitieux en lien avec la mission de l’organisation.

IMG_0232PRINCIPES ET PRATIQUES DE GESTION FAVORISANT L’INTRAPRENEURIAT
3. ALLÉGER LES STRUCTURES. Pour favoriser l’autonomie des employés en vue de détecter et d’exploiter les occasions porteuses, l’organisation doit avoir des mécanismes permettant aux suggestions de se matérialiser. Une structure souple permet généralement de s’ajuster plus rapidement face aux idées soumises et de ne pas laisser dormir ce potentiel d’innovation qui risque de s’éteindre s’il n’est pas intégré au sein de l’organisation.

4. FAVORISER UNE CULTURE D’APPRENTISSAGE ET D’EXPÉRIMENTATION. Pour stimuler la flexibilité, l’adaptation aux changements, la tolérance à l’échec et à l’erreur, rien de mieux que d’expérimenter. Plusieurs courants des dernières années (design thinking, gestion agile, lean startup…) font la promotion de cette façon de se développer en misant sur la rétroaction et la capacité de tirer des conclusions de ces processus d’apprentissage en boucle.

5. ÉQUILIBRER ANALYSE ET ACTION. Afin de tirer parti des deux grandes phases essentielles du processus créatif que sont la divergence et la convergence, il est bon d’avoir en tête que l’innovation prend un certain temps et qu’il y a des étapes de base à respecter. Si on veut promouvoir l’exploration nécessaire à tout intrapreneur pour cheminer, un aller-retour entre l’analyse et l’action est de mise. Généralement, le volet analyse est assez présent dans nos organisations alors que le volet action tend à être occulté sous prétexte de manque de temps ou d’argent.

6. ENRICHIR LES TÂCHES ET FAVORISER L’INTERDISCIPLINARITÉ. Pour encourager la remise en question et la recherche d’améliorations possibles, le croisement des savoirs et des pratiques est une clé. Beaucoup d’innovations naissent de questionnements venant de personnes ayant un recul sur une initiative proposée. De plus, face à la complexité d’une problématique donnée, toutes les compétences des employés peuvent être utilisées pour enrichir l’analyse et provoquer des combinaisons inusitées menant à des pistes prometteuses.

7. RECONNAÎTRE ET RÉCOMPENSER ÉQUITABLEMENT L’INTRAPRENEUR. L’intrapreneur est une personne qui prend des risques dans le but d’améliorer son organisation et cela ne se fait pas sans un certain dérangement. Pour lui donner une marge de manœuvre et des ressources afin de mener à bien ses idées innovatrices, l’organisation doit reconnaître l’intrapreneur en soulignant ses contributions. Aller dans ce sens est une indication concrète pour encourager le développement d’une culture organisationnelle créative.

8. PROTÉGER L’INTRAPRENEUR. Comme mentionné précédemment, l’intrapreneur sort des sentiers battus et est un défricheur de terrain. Si l’organisation ne crée pas des lieux et des instances en mesure d’accueillir et d’évaluer ses projets, celui-ci risque de se décourager ou d’aller travailler ailleurs. À cet égard, on évalue bien le coût requis pour innover mais trop souvent on n’estime pas la valeur perdue d’un intrapreneur ne pouvant pas déployer ses idées et qui finit par partir.

9. ÉVALUER ADÉQUATEMENT L’IMPORTANCE STRATÉGIQUE DES PROJETS INTRAPRENEURIAUX. L’intrapreneur doit évaluer si son projet concorde avec la visée de son organisation et si cela correspond à un bon moment d’implantation. Il doit bien identifier les occasions et les menaces liées aux nouvelles initiatives. Pour ce faire, des synergies sont à établir avec la direction pour que son projet arrive à point nommé et ne vienne pas faire obstacle à d’autres projets ou orientations stratégiques de l’organisation.

IMG_0231 - Version 3QUALITÉS DE L’INTRAPRENEUR SOCIAL
10. LA FIBRE SOCIALE. L’intrapreneur social ne peut dissocier son travail et ses valeurs. En fait, cela forme un tout qui le nourrit. Pour lui, la mise en œuvre de ses valeurs et le désir de contribuer à un changement sociétal soutiennent ses actions et sa motivation à persévérer.

11. UN TEMPÉRAMENT DE DÉFRICHEUR. L’intrapreneur social a le sens de l’initiative. Il se questionne et met au défi son organisation avec l’objectif de continuellement s’améliorer ou de peaufiner les pratiques existantes (services, produits, processus, modèle d’affaires). Il ne se contente pas de ce qui existe mais regarde constamment vers l’avant pour développer les prochains outils qui un jour seront intégrés dans l’organisation. Il s’inspire des nouvelles tendances, alimente sa curiosité et explore des chemins peu fréquentés.

12. LE COURAGE DE RISQUER SA CARRIÈRE. Un des moteurs de l’intrapreneur social est sa capacité à prendre des risques. Comme il entend être cohérent avec le discours qu’il prône, il peut aller jusqu’à miser gros sur les convictions qui l’animent. À ce titre, il est invité à faire part de ses questionnements, de ses limites et des ajustements que l’organisation doit mettre en place pour concorder avec sa mission ou son orientation stratégique. Face à la complaisance de certains de ses collègues ou de la direction, il peut lancer des messages critiques, au risque de se faire montrer la porte de sortie.

13. LA FORCE DE CONVAINCRE ET LA CAPACITÉ DE MOBILISER. L’intrapreneur social ne travaille pas en vase clos. Il fait partie d’un tout et doit être en mesure de mobiliser des membres de l’organisation pour initier un changement. À cet égard, il a une grande écoute de son milieu, ce qui l’amène à saisir des opportunités et à fournir des informations pertinentes permettant de lever certaines barrières et de convaincre les autres d’agir.

14. UNE BONNE CONNAISSANCE DE SON ORGANISATION. Enfin, l’intrapreneur social connaît bien la culture de son organisation, son historique, et est en mesure d’identifier ses alliés. Il sait qui a plus d’influence que d’autres et use de stratégies pour arriver à ses fins. Cette connaissance fine lui permet notamment de savoir quand il est opportun de lancer son projet et comment il doit le faire pour s’assurer de sa mise en œuvre.

RÉFÉRENCES
Afin d’approfondir le sujet, voici les documents consultés que nous vous proposons.

BACULARD, Octavie, Amandine BARTHÉLÉMY, Élisa LEWIS et Romain SLITINE. Intrapreneuriat social. La nouvelle frontière de l’innovation sociale pour l’entreprise. Odyssem-Volonteer, 2012, 51 pages. Téléchargez ICI

CARRIER, Camille et Sylvie GÉLINAS. Créativité et gestion. Les idées au service de l’innovation. Presses de l’Université du Québec, 2011, 345 pages.

DE LUTZEL, Emmanuel et Valérie DE LA ROCHEFOUCAULD DROUÂS. Transformez votre entreprise de l’intérieur! Le guide de l’intrapreneur social. Rue de l’échiquier, 2015, 189 pages.

FOLEY, Susan. The Social Intrapreneur’s DNA. Research Report 2014. 2014, 21 pages. Téléchargez ICI

SUSTAINABILITY, SKOLL FOUNDATION, ALLIANZ, IDEO. The Social Intrapreneur. A Field Guide for Corporate Changemakers. 2008, 72 pages. Téléchargez ICI

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